PISTES:
1. Move With Me
2. Get on Top
3. Sweet Surrender
4. Nighthawkin’
5. Devil Eyes
6. Hong Kong Bar
7. Make It Right
Avec Greetings From L.A., Tim Buckley se tourne vers une musique plus conventionnelle qui n’a plus grand-chose à voir avec ses expérimentations formelles des précédents disques. Les inspirations ne sont plus à chercher du côté du jazz et de la musique free mais plutôt du rhythm and blues et de la soul, avec des morceaux enfiévrés, swingants, habités par des chœurs et des rythmiques funky. Le classicisme de la chose, comme un retour aux sources, saute tout de suite aux oreilles, surtout après avoir entendu des morceaux libres comme Strange Feelin’ et Love From Room 109th. Sur Greetings From L.A., tout est plus direct mais également moins subtil et surprenant. On n’a pas l’impression de retrouver la profondeur de l’univers du chanteur ni sa vision novatrice et aventureuse. Enfin, Tim Buckley reste Tim Buckley et il ne peut se frotter à un genre sans y apporter sa touche personnelle, il profite donc de l’occasion pour revisiter la soul à sa manière, ce qui se traduit par des chansons étirées qui cherchent encore le décalage vis-à-vis du genre, en évitant de s’enfermer dans un carcan. Le chanteur n’a donc pas perdu sa soif de liberté, et interprète la soul à sa manière, c’est-à-dire comme personne, ce qui suffit à faire de Greetings From L.A. un bon et sympathique album.
Move With Me est un morceau classique dans sa structure mais efficace, un vrai moment de soul emballante et entraînante, avec basse groovante, saxophone et choristes.
Make It Right lui répond en quelque sorte en conclusion avec les mêmes qualités tirées de son classicisme soul mais prenant de l’ampleur sur les refrains.
Sweet Surrender s’inscrit, quant à lui, davantage dans les morceaux made in Buckley, avec une durée de plus de six minutes, des structures mouvantes qui se renouvellent sans cesse et quelques fulgurances au chant bien senties. Cette chanson est celle qui témoigne le plus de l’approche de Tim Buckley par rapport à la soul, et ce que son talent de composition apporte au genre : davantage, si c’est possible, de viscéralité grâce à la liberté échevelée que l’artiste essaie d’insuffler dans ses morceaux.
Un bon album mais il est moins inspiré que peuvent l’être Goodbye & Hello et Happy Sad (sans parler des autres disques de Buckley). Le chanteur a su s’approprier la soul et le rhythm and blues pour les façonner à sa manière et en livrer sa propre version.
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