Si vous prenez régulièrement vos billets de train en ligne, vous l’aurez sans doute remarqué : plus vous attendez avant d’acheter, plus le prix augmente. Normal, direz-vous. Plus on approche de la date de départ, moins il y a de places, plus elles valent cher.
Mais si on vous disait que plus vous vous connectez, plus le prix augmente, alors même que le nombre de places reste constant ? La faute à l’« IP tracking », ou « le pistage d’adresse IP », une technique qui existe depuis le milieu des années 90. Comme l’explique le blog SOS conso du Monde, « le principe est simple » :
Mais si vous n’achetez pas immédiatement et que vous réessayez un peu plus tard, l’opérateur a gardé en mémoire que vous aviez manifesté un intérêt pour ce trajet, et il vous propose alors un prix un peu supérieur « p+e », ceci afin de susciter l’achat immédiatement en vous laissant penser que le nombre de places diminue et que le prix augmente.
Et ceci même si aucun changement n’a eu lieu, même si aucun autre client ne s’est manifesté. Il s’ensuit une logique incrémentale : plus vous allez réitérer la simulation, plus le prix va augmenter ? toujours par petit palier. L’objectif est très clair : provoquer la vente. Et ça fonctionne très bien. »
Est-ce légal ? Pour l’instant, oui. L’eurodéputée socialiste Françoise Castex a saisi la Commission européenne ainsi que la Commission nationale de l’informatique et des libertés à ce sujet (CNIL).
Cette dernière, jugeant que cette pratique « suscite de nombreuses interrogations », a décidé, conjointement avec la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), de « mener une enquête afin de déterminer si les dispositions relatives à la loi « Informatique et Libertés » sont respectées ».
La SNCF ne pratiquerait pas l’IP tracking…
Suite à la publication de cet article, la SNCF a contacté Rue89 afin d’assurer qu’elle ne pratiquait pas l’IP tracking :
En attendant, pour esquiver l’IP tracking, un seul moyen : changer d’adresse IP. Afin de vous permettre de partir en week-end sans vous ruiner, cet article vous propose quelques techniques simples. Pour vérifier qu’elles fonctionnent, plusieurs sites vous indiquent quelle est votre adresse IP actuelle.
1) Eteindre, puis rallumer sa box : simple, mais pas toujours possible
Première méthode envisageable : vous pouvez éteindre puis rallumer votre box. Certains utilisateurs de la Freebox connaissent cette technique. Lorsque l’adresse IP change après chaque redémarrage de la box, on dit qu’elle est dynamique. A chaque établissement d’une connexion, le fournisseur d’accès attribue une adresse IP différente.
Cependant, les abonnés à la Freebox en zone dégroupée ont par défaut une adresse IP fixe. Les conditions d’attribution d’une adresse IP dynamique ou fixe dépend des opérateurs. L’adresse IP est fixe par défaut, sur demande, voire en payant un supplément. Dans le doute, il faut faire l’essai. Précision utile : il est inutile de se connecter à partir d’un autre ordinateur si celui-ci est connecté à la même box.
2) Smartphone et 3G : le fusil à un coup
Si vous ne possédez pas un smartphone avec une connexion 3G, passez directement au point suivant. Pour les heureux propriétaires, sachez qu’un smartphone peut vous permettre de contourner l’IP tracking.
En effet, l’adresse IP délivrée par votre fournisseur d’accès 3G est différente de celle délivrée par votre fournisseur wifi. Il est donc possible de comparer les prix des billets sur différents sites avec un ordinateur et de finaliser l’achat avec un smartphone (ou inversement).
Note du veilleur : Dans ce cas de figure, pensez à vous déconnecter de votre réseau wi-fi, sans quoi certains téléphones (ex: iphone) utiliseront l’adresse ip de votre box.
3) Il a FreeWifi, il a tout compris
Plusieurs fournisseurs d’accès permettent, grâce à un identifiant et un mot de passe, de se connecter à un réseau sans fil à partir de n’importe quelle box du même opérateur. Par exemple, si votre fournisseur d’accès est SFR, vous pouvez vous connecter au réseau SFR wifi public proposé par n’importe quelle box SFR. Autrement dit, vous bénéficierez d’une nouvelle adresse IP.
Il existe toutefois quelques problèmes. En février 2012, la Fédération France Wireless révélait qu’il existait une faille dans le réseau SFR wifi : lors d’une connexion, vous vous appropriez l’adresse IP du propriétaire de la box. Ce qui peut être potentiellement embarrassant pour lui…
4) VPN : surfons heureux, surfons cachés
Il existe aussi des manières moins artisanales de contourner l’IP tracking. L’utilisation d’un VPN (« virtual private network », ou réseau privé virtuel) permet d’accéder à un serveur doté d’un tunnel sécurisé où les données sont cryptées.
Le serveur permet, en outre, de bénéficier d’une nouvelle adresse IP, donc d’une nouvelle identité, quand on établit une connexion publique. Il existe de nombreux VPN gratuits, qui ralentissent la connexion, ou payants. A noter : les VPN sont légaux – les utiliser pour contourner Hadopi, moins.
5) Brouillez les cartes avec un « proxy »
C’est une méthode très courante pour masquer son adresse IP. Un serveur « proxy » (qui signifie « mandataire » en anglais) sert d’intermédiaire entre l’ordinateur utilisé et le serveur qui héberge le site consulté. Cette connexion indirecte permet, en chemin, d’anonymiser l’adresse IP de votre ordinateur. Simple et efficace.
Note du veilleur : Vous pourrez trouver de nombreux proxy gratuits avec une simple recherche google, comme par exemple free-proxy, ainsi que de nombreux tutoriels pour vous aider à y voir plus clair sur leur utilisation. Sachez également qu’il existe des logiciels tout prêts à l’emploi pour masquer votre ip par l’utilisation de proxy.
6) Foudroyez l’IP tracking avec « Tor »
Tor (pour « The Onion Router » – lien) est le fameux « underworld » d’Internet, le lieu où pédophiles, terroristes et autres criminels discrets rôderaient, dans le plus strict anonymat. Mais c’est aussi un moyen pour les dissidents chinois, birmans ou encore iraniens de s’exprimer en contournant la censure.
Le principe est simple : tous les internautes qui surfent sur Tor mettent leur adresse IP dans une cagnotte commune. Les adresses IP sont mélangées, puis redistribuées au hasard. Environ 250.000 personnes sont en permanence connectées à Tor.
7) On oubliait les cookies
Une autre méthode de tracking très répandue est l’utilisation des cookies, permettant de récolter des informations sur vos habitudes de navigation. Un conseil simple : utiliser des fenêtres de navigation privée sur Chrome ou Firefox permet d’éviter le stockage des cookies.